Le pétrolier russe « Boracay », qui fait partie d’une « flotte fantôme », poursuit son voyage vers le canal de Suez après avoir été intercepté par les autorités françaises, selon ce qui a été rapporté par le « Marine Traffic » et le « Vessel Finder » deux systèmes d’identification automatique qui se spécialisent dans le suivi et la navigation des navires.
Les deux sources ont expliqué que le navire, qui hisse un drapeau béninois, a été arrêté par la France samedi dernier, mais que vendredi matin il naviguait au large de la baie de Gascogne (ouest de la France). Les autorités françaises ont déclaré que le pétrolier transportait une « grande quantité de pétrole russe » à destination de l’Inde, en rappelant que le pétrole russe faisait toujours l’objet de sanctions européennes.
Paris a annoncé l’arrestation de deux membres d’équipage du navire, tandis que le président français Emmanuel Macron a souligné la nécessité pour les Européens de doubler leur pression sur la « flotte fantôme », en coordination avec l’OTAN, soulignant lors du sommet de Copenhague que tout drone qui viole l’espace aérien européen peut être détruit.
Pour sa part, le parquet de Brest a signalé que les détenus se sont présentés en leur qualité de capitaine et d’adjoint du pétrolier, notant qu’une enquête a été ouverte sur des accusations de « non-présentation de documents prouvant la nationalité et le pavillon du navire » et « refus d’obtempérer aux ordres ».
Ce développement survient une semaine après le passage du pétrolier près du Danemark, où des mouvements suspects de drones ont été enregistrés au-dessus des aéroports, perturbant la navigation aérienne. D’après le site spécialisé « The Maritime Executive », on suspecte le navire d’avoir pu jouer un rôle dans ces sorties en étant utilisé comme « plateforme de lancement » ou comme camouflage.
L’appelation « flotte fantôme russe » a été très utilisée ces dernières années pour décrire un réseau de pétroliers russes ou liés, qui sont utilisés pour contourner les sanctions occidentales imposées sur les exportations d’énergie russe après le déclenchement de la guerre en Ukraine (2022).
Cette flotte, qui comprend des centaines d’anciens pétroliers enregistrés sous les noms de sociétés fictives ou sous les drapeaux de différents pays, repose sur des méthodes évasives telles que la désactivation des systèmes de suivi ou le changement de l’identité des navires au cours de leurs voyages.
La flotte fantôme est gérée par un réseau complexe de sociétés écrans dans des pays tels que les EAU, la Chine et l’Inde. Les navires de la flotte changent d’itinéraire ou recourent à des transferts entre navires en mer pour tromper les autorités.
On estime que la flotte comprend entre 600 et 1 000 pétroliers, soit environ 20 % de la flotte mondiale de pétroliers.
Selon les estimations internationales, la « flotte fantôme » transporte plus de la moitié des exportations pétrolières russes vers les marchés asiatiques, en particulier la Chine et l’Inde, ce qui en fait un élément clé pour surmonter les sanctions imposées par les pays occidentaux à la Russie.
